La carte postale. Anne Berest.

Cette enquête à propos d’une carte postale anonyme que reçoit Lelia la fille de vicente Picabia, fils du peintre, mère d’Anne , l’auteure, et de sa sœur Claire, fille de Myriam Rabinovitch, juive.
Cette enquête nous fait remonter, nous lecteurs, dans l’histoire de cette famille, qui a fui les pogromes russes pour arriver, après bien des péripéties et des traversées, en France où elle a été arrêtée et déportée. Pourtant, elle avait coulé des jours heureux en Normandie où elle était très appréciée.
L’Histoire et l’histoire de cette famille se mélangent. Les événements sont réels, tant les dates historiques que les coïncidences qui marquent leur parcours, jusqu’à nos jours.
Anne, l’auteure, a fait ses études au lycée Fenelon comme sa grand-mère et sa grand-tante, quelques années auparavant. les dates se renouvellent comme des coïncidences, des 13 juillet 1941, et d’autres 13 juillet, 13 octobre1941 et d’autres treize octobre.
Myriam, qui a été sauvée par son mariage, garde l’espoir de retrouver sa famille.
L’arrivée des déportés est mal vue par ceux qui sont restés. Ils ne comprennent pas ce qu’ils ont vécu et les rejettent.
A différentes époques, l’amour entre Myriam et sa soeur Noémie et l’amour entre Anne et Claire sont de très beaux échanges et de très beaux passages.
Tous les Picabia sont dans la Résistance, c’est très intéressant. Myriam est juive et Résistante. Quel risque !
Les suspens est très bien mené, comme une chute, quand on apprend dans les dernières pages qui a envoyé la carte postale.
Faut-il lire d’abord Gabriëlle que Anne et Claire Berest ont écrit ensemble, en hommage à leur arrière-grand-mère ? C’est l’histoire de Gabriëlle Buffet grande musicienne qui abandonne tout pour son mari, Francis Picabia. C’est un grand traité d’Histoire de l’Art
du XXe siècle. On les voit vivre, eux les Picabia mais aussi, Apollinaire, Duchamp... Et d’autres artistes. On apprend que Francis et Gabriëlle ont quatre enfants dont ils s’occupent peu, Vincent encore moins que les autres, ce qui peut expliquer son comportement dans la carte postale où il plus présent que dans Gabriëlle.
Se pose le problème pour Clara, la fille d’Anne, "dans ma famille on n’aime pas les juifs", lui dit un gamin à l’école. Etre juif aujourd’hui, quand on ne pratique pas mais qu’on porte en soi la shoah et ses morts ?