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Nous poursuivons nos voyages. Nous poursuivons nos voyages.

mercredi 14 octobre 2015 par Elisabeth

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Consigne : Choisissez un pays où vous êtes allées et racontez un moment qui vous a particulièrement marquées.
Lecture : un texte de Flaubert extrait de "voyage en Bretagne".

Marie

Les pêcheurs nous attendaient ce matin-là sur la plage d’Ahmed pour nous embarquer à bord de leurs pirogues à balancier. Eux pêcheraient au large, nous, nous avions rendez-vous avec le soleil levant.
La marche jusqu’à la plage fut silencieuse, tout à l’attention que nous étions à ne pas trébucher sur le sentier rocailleux surplombant la falaise. Nos lampes frontales éclairaient nos pas hésitants ; lucioles vacillantes dans la nuit noire.
Les rumeurs des pêcheurs qui s’activaient sur la grève, rassemblant leurs filets, s’invectivant, s’aidant pour mettre les pirogues à la mer nous guidèrent jusqu’à la plage où nous embarquons aussitôt. La mer était à la température de l’air, chaude, point de retenue pour se mettre à l’eau. À l’aveugle et sans un mot d’échange, nous choisissons notre pêcheur et sautons à bord. Deux par pirogue, sans compter le barreur, une coque très étroite et longue, un moteur pétaradant plongeant au bout d’une longue tige, tel une débroussailleuse fouettant la surface de l’eau.
Les pêcheurs s’apostrophent et rivalisent entre eux pour être en tête de la colonne. Nous les encourageons et faisons de conserve entre les équipages. Rapidement, nous prenons de la distance entre nous, chaque pêcheur rejoignant son territoire de prédilection de pêche, un fil de train à l’arrière du bateau.
L’horizon courbe s’auréola d’une faible lueur grandissant avec le temps, des nuages d’encre obscurcissaient le ciel. Le soleil émergea drapé d’un sarong pourpre.

Marie Noelle

La longue douche froide avait atténué les tensions nerveuses qui me nouaient. Mes muscles fatigués, contractés, se réchauffaient peu à peu au creux du vaste lit moelleux et douillet. Ce soudain bien être, ce confort enveloppant, je me rendais compte que, inconsciemment, j’en rêvais depuis plusieurs heures, mon corps le réclamait à mon insu.
Absorbée par les paysages et les rencontres de la journée, j’en avais oublié les cahots de la route, les brusques coups de frein, les klaxons incessants, les changements de lumière. Toute ma passion se concentrait sur les conversations à bâtons rompus, en anglais, en français, sur les éblouissements inattendus au détour d’une route mais aussi sur les scènes de misère qui soulevaient le cœur. L’inconfort était alors secondaire. Seule existait pour moi cette flamme qui renaît à chaque voyage, cette envie dévorante de voir, de sentir, de comprendre tout ce qui est si différent.
Mais, seule dans cette chambre où les bruits étaient feutrés, je réalisais combien cette longue journée de voyage avait marqué mon corps. Une douce chaleur me gagnait, le soir tombait. Je savais que, dans peu de temps, je retrouverai mes compagnons de voyage, mais là, maintenant, j’étais, « entre parenthèses ». Du moins l’avais-je cru !
Allongée sur le lit, les yeux dans le vague, je regardais par la fenêtre de ma cabine. La brume épaisse semblait se lever. Une lumière étrange se refléta sur la mer et soudain, je les vis apparaître. J’avais cru que c’était raté, que le clou de notre voyage était tombé à l’eau à cause de la météo. Mais, non ! Les légendaires reliefs sombres aux formes arrondies, en pain de sucre, défilaient devant moi comme une armée de géants fantomatiques. Telles des ombres chinoises, ils apparaissaient puis disparaissaient au gré de notre navigation sur cette mer étale comme un miroir. Le brouillard cachait parfois leur sommet et estompait leurs contours mais ils se succédaient régulièrement, chaque fois différents. J’aurais à la fois voulu retenir ces sentinelles qui me semblaient presque vivantes et en même temps j’étais avide de découvrir les suivantes, de connaître leur forme.
Jamais je n’aurais cru visiter la baie D’Ha Long au fond d’un chaud lit douillet !

Jacqueline

Le grand Sud algérien
La découverte de Ghardaïa, capitale du Mzab, nous avait déjà transportés bien loin de l’hiver parisien et du Noël familial auquel nous voulions échapper tous les trois. A 600 km au sud d’Alger, nous nous étions retrouvés en plein désert, éblouis par l’architecture de la ville fortifiée et ses maisons aux formes arrondies, recouvertes de chaux blanche qui tranchait avec le ciel d’un bleu inouï. Nous avions découvert la palmeraie et son système ancestral de distribution d’eau qui alimentait les jardins verdoyants. Nous avions dormi dans une petite maison de la ville d’été, au milieu des palmiers. Nous couchions à même le sol entourés de monceaux de dattes dégageant une odeur suave et profonde…
Mais notre voyage ne s’arrêtera pas là. Nous voulons encore aller plus loin, dans le grand Sud, à 500km de Ghardaïa, aux confins du Gourara, dans un petit village de la sebka (ancien lac salé) de Timimoune…

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L’avion nous dépose au milieu de nulle part, en plein désert. Pour rejoindre l’oasis située sur les anciennes rives du lac, il faut marcher à pied un long moment. A perte de vue, des cailloux, pas un arbre, pas un être humain. Chaleur et lumière éblouissante. Sommes-nous encore sur la planète Terre ?
Une tache verte dans le désert. D’impressionnantes ruines fortifiées. Nous entrons dans le village et sommes accueillis par l’instituteur qui nous conduit dans une grotte creusée dans le rocher. Très large et haute, elle est merveilleusement fraîche et nous nous installons sur le sable pour déguster le traditionnel thé à la menthe.
Ici le temps s’arrête. J’entends notre hôte casser le pain de sucre avec un petit marteau, il verse le thé de très haut pour le faire mousser une première fois, une deuxième, une troisième… Nous sirotons lentement nos petits verres. Un homme entre : il a la peau sombre et tient une flûte de roseau dans ses mains. Il s’assoit au fond de la grotte et commence à jouer. C’est comme une plainte lancinante qui raconte la vie du désert. Je m’allonge et ferme les yeux pour mieux entendre et fais glisser le sable fin entre mes doigts.
Cette fois-ci, je sais que je suis arrivée au bout de mon voyage !

Elisabeth

La malle des Indes
Moi, qui n’avais connu que les aubes grises normandes, je demeurai subjuguée par « l’aurore aux doigts de roses ». Ce n’était pas une métaphore mais une réalité. Une lumière rose et mauve. « Impression soleil levant » sans l’orange du soleil, un fondu de tons pastels, parme et rose thé avec tant de luminosité.
L’Adriatique plutôt maussade et verte scintillait. Les roses du ciel s’y reflétaient.
« Il y eut un soir, il y eut un matin ». C’était la création du monde dans une douce clarté.
Nous avons marché dans l’eau et pris un bain de lumière.
J’étais jeune ; j’en ai vu à présent, des lever et des coucher de soleil, je n’ai jamais retrouvé cet émerveillement. Pourtant le crépuscule bleu intense en Anatolie était magnifique. Le soleil derrière les montagnes à Igoumenitza m’a fait rêver plusieurs soirs.
Aucun ne m’a émue comme l’aube de Brindisi.

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L’aube à Brindisi.

Myriam

Un souvenir de Voyage
Dans ce pays contrasté, la Nouvelle Zélande, vieux et jeune à la fois, vierge et aussi conquis, je cherchais les traces du passé. J’ai épluché les guides et j’ai visité les musées, naïvement je cherchais l’âme de ce pays,Je la traquais à l’Est où le littoral creusé de multiples golfes avait vu prospérer les chasseurs de baleine, au Nord dans la baie des Esprits où prirent pied les premiers Maoris. je la traquais sur les sentiers des Volcans, Le Mont Ruapehu, dôme de la désolation dans le Seigneur des Anneaux. Je la sentais frémir mais je ne la cernais pas pas.
Au Nord-Ouest de l’île du Nord, se trouve une forêt, témoignage de celle qui recouvrait toute l’ïle avant l’exploitation forcenée du bois. Quand on y pénêtre c’est d’abord l’odeur qui vous saisit, une odeur humide de terre et de végétaux. Ensuite l’oreille perçoit quelques cris d’oiseaux inconnus sur fond de crissement d’insectes. J’allais rendre visite à Tané Mahuta, le Seigneur de la Forêt, Sa tête chenue culmine à 51 mètres, son pied puissant mesure 13 mètres de circonférence, son âge est estimé entre 1200 et 2500 ans. En le contemplant , on est saisi de respect pour cet arbre géant, même les touristes font silence, comme dans une cathédrale... et moi, j’ai été émue aux larmes par ce témoin du passé qui a vu tant de saisons et dont la vie est menacée.

Marilène

Un anniversaire digne de mémoire, je venais d’atteindre cinquante ans ! Des amis m’avaient offert un voyage dans les Alpes, destination : le tour du Grand Paradis, magnifique !
Pourtant, quelle idée ? Me suis-je dit, moi qui passe la plupart de mon temps en montagne et plus précisément dans les Alpes, les Alpes françaises d’accord, pourquoi irais-je une semaine entière juste de l’autre côté de la frontière italienne ? A deux minutes chrono, en vol d’hélicoptère ? Sûr que je le connaissais ce Gran Paradiso, il me semblait tellement proche, trop commun, manque de dépaysement ! Et je n’avais tout de même pas attendu cinquante ans pour traverser la frontière de mon Italie voisine ; courses ou excursions, j’y allais tous les ans et plutôt deux fois qu’une ! Invitation au voyage presque dérisoire, bon, j’allais devoir faire un effort d’imagination supplémentaire pour me transporter avec joie dans le massif mitoyen, au mois de septembre prochain comme l’indiquait la brochure publicitaire jointe à la superbe carte de mes amis, qui eux, semblaient si contents !
Je ne fis pas d’effort d’imagination mais de politesse, je les remerciai et commençai à m’inquiéter de l’opportunité de traverser, à pied, à une altitude provocante, des cols entre 2000 et 3000 mètres, et ceci à la fin de l’été. Il se pourrait, chance inouïe, qu’il fasse encore beau, ou plus probablement, qu’il pleuve, neige, grêle et gèle à pierre-fendre ! Incertains débuts d’automne... Rien que d’y penser je grelotais de froid et de peur sans savoir laquelle des deux sensations était la plus forte ? D’accord je n’allais pas être seule, je rejoindrai un groupe de neuf à dix personnes, accompagnées d’un guide nécessairement compétent puisque diplômé, jeune et costaud qui, si j’avais bien compris, se prénommait Victor...
Deux mois de préparations intensives plus tard, je partais, emportant dans mon sac un condensé efficace de vêtements chauds, des quantités de barres de céréales dans les poches et un maximum de courage pour essayer d’affronter toutes les difficultés prévisibles...
Tout juste une semaine plus tard, j’étais de retour.
Ensorcelée ! La tête au dessus des nuages ou plutôt debout en équilibre sur un petit nuage !
Aucune entorse de genoux ni de chevilles, pas d’engelure des doigts de pied, ni du nez, des milliers de mètres de dénivelées positives et négatives sans douleurs ni séquelles, huit journées fraîches mais généreusement ensoleillées et par dessus le marché, des nuits tout confort dans des petits refuges accueillants. Etonnées de ne pas être morte, ni même accidentée, perdue comme dans un mauvais rêve au fin fond de sombres vallées rocheuses à la limite des glaciers gris !
Oui j’étais revenue avec des images enchanteresses plein la tête... et un coup de foudre pour notre guide, l’aimable, le charmant, le magnifique Victor !
Je fis rapidement le bilan. Mes amis avaient eu une drôle d’idée de me confier à ce groupe, pourtant le résultat était là : en ce début de soixantaine affleurant l’âge des possibles à jamais perdus, je revenais ragaillardie. Une deuxième jeunesse s’offrait-t-elle à moi ? Quelques jours avaient suffi pour que la perspective de cet effroyable voyage dans des contrées réputées hostiles, connues pour ses dangers et retours pitoyables, se métamorphosent en un vagabondage léger et serein dans des vallées ouvertes sur des ciels et horizons lointains où, même les bouquetins ne fuyaient pas à notre approche discrète et bienveillante. En quelques soirées autour de repas chaleureux, la confiance était apparue puis la connivence, et pour finir l’envie de continuer un bout de chemin ensemble, mais cette fois, seule avec mon guide !


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