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Danger lecture consacré à Michel Tournier. Danger lecture consacré à Michel Tournier.

lundi 28 mars 2016 par Elisabeth

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Vendredi ou les limbes du Pacifique

Dans ce roman, Michel Tournier s’est inspiré du Robinson de Daniel Defoe, lui même s’étant inspiré d’une histoire vraie, celle du marin Selkirk, resté quatre ans sur une île déserte.
Au début du récit, on pourrait croire à une réécriture moderne de l’histoire de Robinson. Pas du tout.
Dans la découverte de l’île, Robinson passe par différentes étapes de communion avec elle. D’abord, il pense que tout le monde le croit mort et dit-il : "cela suffit à me repousser aux confins de la vie, dans un lieu suspendu entre ciel et enfers, dans les limbes en somme." Ce qui explique le titre. Ensuite, dans la grotte, il se sent dans l’utérus de sa mère, puis dans un acte sexuel avec l’île entière. "Plus près de la mort qu’aucun autre homme, je suis du même coup plus près des sources mêmes de la sexualité."
Toutes ces sensations nouvelles ne l’empêchent pas de transposer sur l’île les règles en vigueur en Grande Bretagne. Il se crée pour lui seul des règles austères, carcan de la société anglaise.
Débarque Vendredi, qu’il considère d’abord comme son esclave. Chose aisée puisque Vendredi est reconnaissant envers Robinson qui lui a sauvé la vie.
Tout bascule quand Vendredi fait exploser la grotte. Le chien de Robinson meurt, les récoltes sont dévastées. Une nouvelle vie commence. Robinson découvre la liberté, la joie de vivre. Quand un navire accoste enfin au bout de vingt-huit ans, Robinson refuse de quitter l’île. Malheureusement, Vendredi sera séduit par le bateau, le voyage...Il embarquera et sera victime du commerce triangulaire. Le petit mousse, souffre-douleur des marins quitte le bateau pour l’île. Il s’appellera Jeudi, "jour de Jupiter, le dimanche des enfants."
Le Robinson de Defoe rentre en Angleterre. Nous sommes au XVIIIe siècle. La moralité l’emporte et la vie structurée sur la vie sauvage, contrairement à celui de Tournier.
Au-delà du schéma narratif inversé qui fait réfléchir le lecteur, l’écriture de Michel Tournier avec sa poésie et la précision dans le choix des termes est un ravissement, au sens premier du mot.

Gaspar Melchior&Balthazar

La venue des rois Mages n’est relatée que dans l’Evangile de Mathieu. Les autres évangélisateurs n’en parlent pas. La légende figure dans "la légende dorée" de Jacques Voragines.
Michel Tournier raconte à travers l’histoire de ces trois rois l’Histoire de l’Humanité.
Gaspar est roi de Meroe, c’est un pharaon venu d’Afrique. Il est noir, il symbolise les premiers hommes. Parmi les derniers esclaves qu’il a achetés, figure un couple de Phéniciens à la peau blanche. Il est fasciné par cette femme qui devient sa maitresse. Le jeune homme est censé être le frère, en fait c’est son amant.
Gaspar souffre d’avoir été trompé d’autant plus qu’il décèle un certain dégout de la jeune Phénicienne lorsqu’ils font l’amour. Il ne châtie pas les jeunes gens, il se retire dans ses appartements, le coeur meurtri. Il veut voyager, quand son astrologue lui parle d’une comète qu’il faut suivre. il part après tous les préparatifs dus à son rang. En chemin, il rencontre Balthazar, roi de Nippur en Mésopotamie. Balthazar a lui aussi été prévenu par son astrologue de l’existence de cette comète. Il quitte Nippur où il avait créé le Balthazarium, qui renfermait des trésors des civilisations passées, en particulier des vestiges grecs sacrés aux yeux de ce roi helléniste. Les deux caravanes arrivent à Jerusalem.
Melchior devrait être roi de Palmyre mais son oncle a usurpé le trône et cherche à l’assassiner. Il doit se cacher ; il est accompagné de son vieux précepteur qui lui aussi a entendu parler de la comète et pense que c’est le moment de fuir.
Ils arrivent à Jérusalem. Melchior et son précepteur se faufilent parmi les serviteurs de Balthazar. Hérode invite les rois de Meroe et de Nippur. comme Melchor fait partie de la suite de Balthazar, il se rend aussi chez Hérode mais incognito. Après leur avoir raconté sa vie avec tous les complots qu’il a dus déjouer et les mises à mort de gens qu’il aimait, Hérode joue le vieillard malade et demande aux rois Mages de venir lui rendre compte de cette naissance d’un futur roi pour Israel.
Ils arrivent à Bethléem. L’enfant est né. Gaspar dépose l’encens pour la spiritualité, Balthazar la myrrhes pour embaumer les morts et Melchior la pièce d’or à l’effigie de son père, sa seule richesse.
Au retour, ils ne repassent pas par Jérusalem et ils rencontrent Taor, prince de Mangalore en Inde. Il vient de loin et les péripéties n’ont pas manqué, donc, il arrive trop tard. La famille est repartie. Comme il a beaucoup de friandises, il organise un gouter pour les enfants de Bethléem âgés de plus de deux ans parce qu’il Il ne veut pas d’adultes. Pendant ce temps-là, Hérode fait tuer tous les bébés. représailles ou il les aurait assassinés de toute façon ?
La caravanne de Taor prend le chemin du retour avec autant de péripéties qu’à l’aller. Arrivés à Sodome, ils sont pris dans par les vents de sel qui momifient tout. Taor libère ses esclaves et prend la place d’un voleur père de famille. Il travaille trente trois ans dans les mines de sel. A sa sortie, il retourne à Jerusalem pour retrouver Jésus dont il a entendu parler par un prisonnier dans les mines de sel. Quand il arrive, "il eut un vertige :du pain et du vin ! il tendit la main vers une coupe, l’éleva jusqu’à ses lèvres. Puis il ramassa un fragment de pain azyme et le mangea. Alors, il bascula en avant mais ne tomba pas. Les deux anges qui veillaient sur lui depuis sa libération, le cueillirent dans leurs grandes ailes, et, le ciel nocturne s’étant ouvert sur d’immenses clartés, ils emportèrent celui, qui après avoir été le dernier, le perpétuel retardataire, venait de recevoir l’eucharistie le premier."
Cette version de la légende des rois Mages nous plonge aux sources de la spiritualité occidentale.

la goutte d’or

Idriss est un jeune berger dans le désert algérien. Un jour, une femme blonde dans une land rover le prend en photo et lui assure qu’elle la lui enverra quand elle sera de retour à Paris. le jeune garçon attend en vain avec les sarcasmes de sa mère.
Quelques temps après, il quitte son oasis pour la ville pour chercher du travail. Il s’arrête à Bechar traverse le désert et arrive à Marseille puis à Paris.
La goutte d’or est un pendentif que porte une danseuse. C’est aussi le symbole de la liberté. Idriss ramasse le bijou perdu par la danseuse et l’utilise pour payer une prostituée. A Paris, il vit dans un foyer sonacotra et exerce différents métiers. Un jour, il doit creuser au marteau-piqueur devant une bijouterie dont le seul bijou exposé en vitrine est une goutte d’or. "Idriss n’en croyait pas ses yeux : elle était là, indiscutablement la Bulla aurea"........Dansant sur place avec son marteau piqueur, il ne vit pas la vitrine de Cristobal & co se fendre de haut en bas ; il n’entendit pas le hululement de la sirène d’alarme déclenchée par les palpeurs sismiques...................Idriss continue à danser devant la goutte d’or avec sa cavalière pneumatique."
Dans ce roman nous retrouvons la thématique de l’image, du mirage de l’image déjà présents dans l’histoire des rois mages autour de la question : "Dieu a fait l’homme à son image" Quelle image ? Avant ou après la chute ?


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