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Le thé des écrivains. Chapitre XVI. Elise et la mélancolie. Le thé des écrivains. Chapitre XVI. Elise et la mélancolie.

lundi 16 novembre 2015 par Elisabeth

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Elise se rendit compte qu’elle avait adopté l’attitude du « Christ en homme de douleurs » de Dürer, la main contre la joue, prostrée, l’attitude de la Mélancholie.
Dans l’œuvre de Dürer, le Christ a déjà subi les supplices de la Passion terrestre. Il en porte les stigmates. Le peintre nous montre un Christ qui souffre pour l’Eternité, tant que dureront les péchés des Hommes. L’Homme-Dieu doute. Il peut se demander pourquoi tant de sang a été versé au nom de sa doctrine : Les croisades, l’Inquisition, les guerres de religions, les guerres de conquête coloniale… Pour qui a t-il souffert le supplice et la crucifixion ? Les Hommes ont transformé son message d’amour et de paix.

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Le Christ des douleurs. Dürer.

Elise pensa que si le Christ était lui-même en proie à la Mélancholie, il était juste que les artistes aient été saisis par l’angoisse et soient partis à la recherche d’un monde meilleur, l’impossible quête du Graal.
En 2005, le Grand Palais avait consacré une exposition à l’Art et la mélancolie. Un article d’Elise figurait dans le catalogue de l’exposition. Hélène Prigent avait publié un livre dans la collection « découvertes » chez Gallimard, « Mélancolie, les métamorphoses de la dépression ».
Le sujet était donc toujours d’actualité.
Au Moyen-Age, la Mélancolie était liée au Diable, à la Renaissance, on avait renoué avec la conception grecque qui l’associe au génie.
On a tendance à oublier que les peintures rupestres représentaient peut-être l’angoisse des Hommes préhistoriques.
Souvenons nous de l’anecdote que racontait Enzo Mari, à propos des deux jeunes gens qui manquaient à l’appel au retour de la chasse. Le troisième jour, le chef les suivit et les trouva assis en haut d’une colline admirant la coucher du soleil. Extase, Beauté, angoisse, mélancolie. Pour Enzo Mari, c’est la naissance de l’Art.
Boticelli, réputé pour ses prostrations et ses états mélancoliques est parvenu à peindre une si gracieuse « Venus » dont le regard tourmenté interroge sur la création du monde.

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La naissance de Venus. Boticelli.

Chaque jour est une angoisse parce que on ne sait pas si c’est le dernier.
Elise retrouvait la solitude de ses chagrins d’enfant quand Nat et Chris étaient à l’école, Françoise au travail, Anne dans son berceau. La bonne faisait le ménage et ne s’occupait pas d’elle.
A présent, Françoise qui vivait au Havre était loin, Grand-mère Louise et ses sœurs l’avaient abandonnée dans ce siècle où elle ne voulait pas vivre.
Ce sont sûrement les transitions qui accentuent le spleen. Dürer, qui a peint plusieurs Melancholia dont une allégorie, vivait à la fin du XVe siècle, à la fin du Moyen-Age, presqu’à la Renaissance.
Les changements font toujours peur. Elise se sentait débordée par la rapidité des transformations de ce nouveau siècle. Elle craignait que tout le système de ses valeurs s’effondrât complètement.
C’était l’image que donnait à voir l’Art contemporain.

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VCombinatoire et résonance

Que dire quand la corruption politique est mise à nu, que les valeurs sont sur l’avoir et non sur l’être, que les désirs d’union après deux guerres mondiales et des conflits incessants se rétractent pour reconstruire des frontières ?


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