Accueil > ... > Forum 243

Le thé des écrivains

17 novembre 2015, 17:41, par Jacqueline (message 243)

J’ai aimé le début avec la description de la lumière et le passage sur Delphes que j’ai trouvé poétique. Par contre, je trouve que le projet de la narratrice est ambigu. Elle dit qu’elle veut, au soir de sa vie, transmettre quelque chose. Pas son intimité mais plutôt son expérience, sa « conception du monde », les réponses qu’elle a trouvées (ou non) aux questions existentielles « d’où venons-nous ? Qui sommes-nous ? Où allons-nous ? ». Mais peut-on « tenir le lecteur en haleine » avec des généralités philosophiques et une suite de questions sans réponses ?
Comme sa réflexion tourne en rond, la narratrice revient assez vite sur sa vie personnelle, évoque ses trois enfants et le choix de leurs prénoms : Olivier, Sophie, Raphaël. Trois prénoms qui sont autant de défis lancés à une Histoire, décevante, voire désespérante. Soit. Mais voilà qu’elle laisse ses enfants pour revenir à ses douze ans et à la guerre d’Algérie avec De Gaulle. Puis, sans transition, elle évoque les douze ans de sa fille Sophie et on se retrouve dans la peau de Sophie …. Enfin, quelques lignes plus tard, nous revoilà de nouveau face aux interrogations lancinantes de la narratrice qui se demande pourquoi elle écrit, ce qu’elle fait dans ce monde…Ces sauts dans le temps et ces changements de point de vue déconcertent le lecteur. Et moi, lectrice, je commence à me demander si j’ai vraiment envie de lire la suite !
Dans le chapitre II, Elise exprime son malaise, son mal être, qu’elle attribue à l’Histoire qui a déçu tous ses rêves de démocratie et de paix. L’Histoire avec un grand H est-elle la seule responsable de nos désillusions ? Elise pourrait aussi rechercher les causes de ses désillusions, soit en elle-même, soit dans son vécu personnel de l’Histoire.
D’ailleurs, à la fin du chapitre, il semble qu’elle commence à s’interroger sur la possibilité de « sortir de ce labyrinthe » en partant à la découverte d’elle-même et en explorant son intimité (ce à quoi elle s’est refusée au début).
Pour me résumer, je pense que tu dois soit choisir entre le récit de ton histoire (celle d’Elise) ou de l’Histoire, soit mieux articuler les deux. Même si l’une a pu influer sur l’autre, tu ne peux capter le lecteur si tu te réfugies sans cesse derrière l’Histoire pour ne pas parler d’Elise. Mais, en fait, comme tu passes sans arrêt de l’une à l’autre sans en analyser les relations, ton récit apparaît décousu et risque de finir par lasser ; alors même que ton histoire et l’Histoire que tu as traversée peuvent trouver une résonance dans le vécu personnel de chacun.

Répondre à ce message

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n'apparaîtra qu'après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message
  • Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.