Accueil > ... > Forum 252

Hommage à Ionesco.

30 novembre 2015, 09:33, par JF (message 252)

Il me semble que Ionesco assigne à l’écriture une double mission : témoigner de la vie (de son miracle ou de son absurdité ?) mais aussi laisser une trace de notre passage, sinon à Dieu, du moins à la postérité.
Cette deuxième fonction est sans doute la plus ingrate : on peut laisser une trace auprès de ses enfants ou de son entourage immédiat mais, si l’on cherche une plus large audience, on dépend du bon vouloir d’un éditeur et donc d’un processus économique assez frustrant, voire révoltant (sauf à disposer des moyens de sa propre édition, ce qui, après-tout, a longtemps été le lot commun des écrivains). Je n’aborderai pas ici la digression (qui serait pourtant nécessaire) sur « qu’est-ce qu’une oeuvre d’art ? » et, surtout, comment est-elle reconnue ?
Face à cette frustration, on peut alors aborder l’écriture sous un autre angle, plus modeste et tout aussi exigeant, celui proposé par Rilke dans Lettres à un jeune poète, celui de la nécessité impérieuse et personnelle d’écrire, « devriez-vous mourir s’il vous était interdit d’écrire » ? J’aime bien aussi l’approche de Duras, celle d’un territoire inconnu et qu’il faut explorer : « L’écriture c’est l’inconnu. Avant d’écrire on ne sait rien de ce qu’on va écrire... Ecrire c’est tenter de savoir ce qu’on écrirait si on écrivait. ».
Et, finalement, ne suffit-il pas d’écrire si on a envie d’écrire, de peindre si on a envie de peindre, de fabriquer une chaise, même bancale, si on a envie de travailler le bois ? Je dirais bien, paraphrasant Valéry, de créer comme on respire...

Répondre à ce message

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n'apparaîtra qu'après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message
  • Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.