Hommage à mon grand-père

Vous allez être surpris si je vous dis que la guerre de 14-18, c’est comme si je l’avais vécue. Mon grand-père me l’a racontée tant de fois.
Autre surprise ! Je ne vais pas vous parler des tranchées parce qu’il n’y est pas allé.
Il est né en 1891 à Caen. En 1909 il part à l’armée pour son service militaire dans la Marine. Un compagnon de chambrée reçoit sa feuille de route pour partir en Chine. Il pleure, ne veut pas partir. Mon grand-père lui propose un échange. Tout s’arrange administrativement. Il part. La Chine, à cette époque connait des troubles ; les mouvements du Guangdong et du Guangxi font suite aux révoltes des Taipings et des Boxers de la fin du XIXe. La dynastie mandchoue qui règne sur la Chine est contestée.
Dans ce contexte effervescent, mon grand-père reste sept ans. De ce fait, il considére bien connaitre la Chine, cependant il n’imagine pas son évolution. Quand j’étais petite il me racontait "sa" Chine, celle du début du siècle, comme une actualité. Selon lui, Mao ne pouvait pas transformer ce pays trop en retard.
S’il revenait, il n’en croirait pas ses yeux.
Repartons à la guerre. Au bout de sept ans, mon grand-père rentre en France. Nous sommes en 1916, c’est la première guerre mondiale. Il intègre les fusillés marins. Deux ans scaphandrier dans un sous-marins. Il n’est pas allé à Verdun mais Neuf ans de guerre, c’est un beau service à la nation.
J’ai résumé, je vous ai passé des épisodes que j’ai entendus des centaines de fois.
Son père, encore mobilisable est mort à Douaumont.
S’il parlait toujours de cette longue guerre assez originale, somme toute, il ne parlait jamais de la seconde. La famille a découvert qu’il avait été un grand Résistant, chef d’un réseau en Normandie, quand De Gaulle et Koenig sont venus en personne le décorer. Je me souviens de la cérémonie malgré mon jeune âge, sans bien comprendre ce qui se passait, encore moins ce qui s’était passé, mais ce sont des jours qui marquent.