Un voyage rêvé. Un voyage rêvé.

lundi 9 novembre 2015 par Elisabeth

Consigne
Vous avez beaucoup voyagé, cependant il reste un pays où vous n’êtes pas encore allées. Parlez-en.

Jacqueline

Voyage à l’intérieur de ma chambre
J’ai voyagé dans quatre continents ( Europe, Asie, Afrique, Amérique) et de nombreux pays.
Pendant plusieurs années, j’ai rêvé de partir en bateau avec Jean-François. Pas pour faire du cabotage en Bretagne mais pour traverser l’Atlantique jusqu’aux Antilles.
J’avais acheté un livre qui me fascinait : Le grand départ et la vie sur l’eau. C’était un couple de profs baba-cool qui avait décidé un jour de larguer les amarres, construit son bateau et mis les voiles...
Je me penche au-dessus du balcon avant pour renouer avec le spectacle toujours fascinant de l’étrave fendant inlassablement les flots.
Une phrase comme celle-là me transportait ! Je nous voyais déjà, seuls au monde sur notre voilier, le temps n’ayant plus cours, avec pour compagnons de route, les goélands criards et les dauphins rieurs…

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Nous vivons au rythme des alizés, la barre répond à la moindre pression de ma main, les voiles sont tendues et vibrent. Ce matin, nous avons pêché de succulentes dorades que nous avons fait griller. Et ce soir, à la lueur de la lampe à pétrole, j’ai chanté avec un brin de mélancolie « Mes amis d’autrefois » d’Anne Sylvestre en m’accompagnant de la guitare. Pendant ce temps, mon capitaine s’adonne à son occupation favorite : la navigation astronomique avec son sextant.
Bien entendu, nous n’avons jamais fait « le grand départ » et j’ai dû remballer mon fantasme de transat.
Me revoilà sur la terre ferme. Qu’est-ce que je rêve de voir encore ? Les Grandes Pyramides ? Une île perdue de l’Océanie ? Un monastère du bout du monde ?
Mais que restera-t-il de tous ces voyages, de tous ces paysages entrevus, de tous ces lieux visités ? De beaux albums-photos soigneusement composés ? Ou le sourire malicieux d’un moine ? Faut-il partir si loin pour regarder autour de soi ?
Tout le malheur des hommes vient d’une seule chose qui est de ne pouvoir pas demeurer en repos dans une chambre Pascal.
Ce soir, c’est ce voyage là que j’adopte !

Sabine

Un pays où j’aimerais aller…

18 Heures. Novembre est bien là avec son froid, sa nuit saupoudrée de flocons de neige. Je ferme les volets, remets une bûche dans la cheminée. L’odeur de la soupe aux poireaux se propage dans toute la maison engourdie. Nous sommes dans un village retiré de Lorraine. Je suis dans un état de léthargie profonde .
« Maman, j’peux te réciter ma leçon de géo ? » Je sursaute, complètement réveillée cette fois ci. « les îles de l’Océanie »… Perrine commence à m’égrener le nom de différents archipels. Distraite, je perds complètement le fil de cette litanie, quand soudain tintent à mon oreille de délicieux noms « Wallice et Futuna » . Quelle élégance ! Je n’avais jamais entendu pareille mélodie.
Partir d’ici, fuir le froid, m’envoler pour Wallice et Futuna , merveilleux petits grains de sable flottant dans cet immense océan devinrent soudain une urgence.
Lovée dans mon canapé, je ferme les yeux et me voilà accueillie par de charmantes jeunes filles m’offrant des colliers de fleurs et de coquillages à MataUtu, la capitale. C’est bien là ma prochaine destination. Aucun tourisme. Les habitants, parait-il se méfient des étrangers. Tellement perdus dans les flots, qui risquerait de s’aventurer sur de tels îlôts ? Cela me tente furieusement. J’aime apprivoiser l’inconnu, découvrir des paysages nouveaux, des lacs à la consonance mélodieuse comme LALOLALO, des plages immenses et désertes, végétation luxuriante et embaumante. Je crois par ailleurs qu’il ne faut pas y tomber malade, que pour y accéder, il faut avoir la vie devant soi, et ça… ça me réjouit ! Je souris.
Ma petite fille, studieuse, continue à réciter sa leçon sur un ton monocorde. Je ne l’écoute plus. Elle est loin d’imaginer le cataclysme produit en énonçant ces deux mots magiques : Wallice et Futuna !

Elisabeth

Le rêve new yorkais

Je le dis souvent, je n’ai plus envie de voyager. Je connais peu de pays. Je me suis cantonnée à l’Europe, exception faite de cette merveilleuse Turquie.
Certains ont eu le privilège d’être visités plusieurs fois, l’Italie, la Grèce, la Grande Bretagne, le Luxembourg, la Suisse, l’Espagne…
Les films et les lectures m’ont laissé croire que j’avais fait le tour du monde.
De peur de vous ennuyer, je n’énumérerai ni les pays que je crois connaître ni ceux qui ne m’intéressent pas comme la Laponie où il fait trop froid. Tant pis ! Je ne rencontrerai pas le Père Noël !
On l’appelle le Pomme ou Gotham. Vous l’avez deviné, s’il reste un endroit où je voudrais me rendre, c’est New-York.
Cela doit remonter à l’enfance. J’habitais Le Havre, du moins ce qu’il en restait à la fin de la deuxième guerre mondiale. Les grands paquebots partaient pour New-York et le rêve américain. C’était un événement d’assister au départ « du Liberté », « de l’Ile de France ».
Souvent, il pleuvait mais le quai grouillait de badauds et de gens en pleurs.
Ma grand-mère pleurait parce que ma Tante, sa fille, était partie un jour à bord d’une de ces villes flottantes. Je recevais des cartes postales et mon imagination faisait le reste.
J’ai souvent imaginé l’arrivée de ces bateaux dans la baie. A cette époque, j’ignorais l’histoire d’Ellis Island, maintenant je la connais.
J’ai grandi, j’ai appris beaucoup de choses sur cette ville cosmopolite qui dit-on ne dort jamais.
Je voudrais voir la ville insolite. Je l’imagine avec ses contradictions, son mélange de passé, d’actualité et d’avant-garde.
La planète entière doit avoir un représentant à New-York.
Naturellement, il ne faudrait pas fouiller dans le passé de certains habitants mais d’autres ont apporté leur génie et le tout a créé une ville unique.

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New York.

Mary

Plus d’une fois, j’ai laissé partir les autres sans moi parce que je ne me sentais pas encore prête à faire ce troublant voyage et voici que le temps est venu.
À la veille du départ, je m’agite dans tous les sens pour faire mon sac. Les températures sont élevées à cette saison ; prendre des vêtements légers, simples et sans artifice, une trousse de premiers secours, problèmes intestinaux et infections urinaires sont à craindre sous ces latitudes, une paire de sandales suffira, ne pas oublier de glisser un châle pour les débuts de matinée qui peuvent être frais, un carnet de notes, un appareil photos, des objets utiles à distribuer sur place, ma lampe frontale, ma liseuse, un anti-moustiques, du Ravintsara et un oreiller gonflable pour les transports. Le sac bouclé, débouclé, rebouclé, je prends le temps de savourer mon ouvrage. Faire un sac est toujours une épreuve, un apprentissage au dépouillement pour aller à l’essentiel.
Enfin me projeter à demain, à là-bas.
Nous arrivons à la nuit tombée au petit aéroport de Derhadun. La chaleur monte du sol, des relents de cuisine échappés de gargotes ambulantes nous arrivent aux narines et soulèvent nos estomacs gavés par la nourriture servie dans l’avion. Un concert de klaxons, un taxi nous aborde, il nous attendait semble-t-il, comment a-t-il su nous distinguer parmi la foule qui s’est déversée de l’aéroport ?
Nous traversons une zone mal éclairée, deux larges voies encore encombrées à cette heure tardive. La ville est toute proche, nous traversons un pont sur un fleuve large, aux eaux sombres. Des guirlandes ornent des frontons perchés sur chacune des deux rives, des estrades de fortune, des hôtels aux néons criards, un temple au toit de tuiles vernissées. Un chapelet de vélos et de motos nous escortent. A la sortie de la ville, la circulation devient plus fluide. Une demi-heure plus tard, le taxi nous dépose à la porte de l’ashram. Nous sommes attendus. Nous entrons, le silence nous saisit. Nous voici arrivés. Notre voyage intérieur peut commencer

Marylène

Parfois je me dis que je dois voyager, voir du pays, aller un peu plus loin que le bout de mes chaussons !
Allongée douillettement au fond de mon lit, je feuillette des magazines de voyage richement illustrés : la France à pied, l’Amérique du Sud en vélo, les routes mythiques des États Unis en camping car, treks dans les montagnes du monde, à cheval en Sibérie orientale, en traîneau au cœur du pays Inuit, l’Island, les pays Baltes, l’Australie, le Japon, la Jordanie....
Non, rien de tout cela ne me tente, je ne me sens pas les qualités d’une grande voyageuse alors en pensée je refais le tour de ma petite planète d’amis, la Bourgogne, la Lorraine, la Provence et puis j’ose pousser jusqu’à Paris et ses débauches de musées et de galeries, Picasso et Rodin, le Palais de la Découverte et le Palais Garnier, les fondations Vuitton et Cartier pour l’art contemporain ou la rue vieille du Temple, les quartiers anciens, à l’étroit, populeux, ceux très chics où il fait bon flâner, larges trottoirs bordés d’arbres centenaires, peut être encore Montparnasse et le Père Lachaise, le jardin des plantes et la grande bibliothèque... Oui, j’aime Paris et ces lieux connus que je retrouve en habituée, petites surprises, légers dépaysements, retrouver des émotions simples et pourtant merveilleuses !
Cependant depuis plusieurs années un lieu magique m’attire sur l’autre versant de la planète, souvenirs de la reine de Saba et du roi Salomon, Sana’a, le Yémen et, séparée d’un bras de mer, l’île de Socotra. Deux points minuscules sur la carte du monde, loin de moi et si proche l’un de l’autre, je rêve de les voir ensemble, inséparables. Socotra avec ses dragonniers aux silhouettes étranges, sa faune et sa flore digne du paradis terrestre et, Sana’a, au milieu de son désert de sable, ocre jaune, escortée de villages perchés sur des roches sableuses, les palais des califes locaux, une architecture de terre, dorée au soleil couchant comme au levant, façades plates, dessinées, contours des fenêtres soulignés de blanc pareil à de la dentelle sur une robe de bure. Comment ces deux mondes peuvent-ils cohabiter ? Luxuriante végétation sur la petite île de Socotra séparée par un filet de mer du semi continent arabique qui semble, quant à lui avoir perdu toute son eau dans l’océan, et à Sana’a, un urbanisme ancestral et majestueux avec quelle patience architecturale, quelle ténacité, quelle virtuosité à bâtir et à décorer des maisons avec des moyens rudimentaires ! Je rêve depuis tant de temps à ces paysages immuables, à cette civilisation lointaine frôlant un îlot de nature vierge !
Ensemble, ils m’apparaissent comme les deux versants de la richesse du monde et j’avais oublié que même l’éternité est un cadeau fragile.
Les hommes dans leur folie en ont décidé autrement, non mon rêve n’est pas prêt de se réaliser.

Marie Noelle

J’aurais aimé voyager du temps de Jules Verne à une époque où n’existaient ni les avions, ni Internet, ni Daech, ni les agences de voyage, ni les guides touristiques.
Enveloppés dans de longs manteaux, coiffés de chapeaux étranges, encombrés de malles en cuir, parfois équipés de lunettes noires cerclées, nous parcourions le globe dans des trains à vapeur dernier cri ou sur des paquebots de ligne aux trajets interminables. Parfois, pour traverser déserts, jungles et savanes nous chevauchions dromadaires, chameaux ou éléphants richement harnachés. Le soir, fourbus, rompus, couverts de poussière, nous soulagions nos maux dans des bains maures ou des hammams bienfaisants. Puis, une nourriture exotique et raffinée nous était servie par des turcs emmmoustachés ou des geishas empouponnées.
Souvent, nous partagions notre route avec des ambassadeurs yéménites ou des négociants du royaume du milieu. La conversation était approximative mais toujours agrémentée de rires et de bonnes ripailles. Sur notre route nous découvrions des palais de Maharadjas enchanteurs, des solitudes glacées infinies, des souks bruyants, colorés, exubérants de vie. Partout le même accueil, mélange de curiosité, de convoitise, de déploiement de faste.
Parfois, une fièvre subite et violente nous clouait au lit et retardait notre voyage d’un mois ou deux. C’était alors l’occasion d’être mêlé à l’intimité et aux superstitions des marabouts, des chamanes, des devins. Les queues de serpent pilées, les décoctions d’herbes aphrodisiaques, les impositions de mains rugueuses ou sensuelles, tout y passait. La convalescence avait un charme indéfinissable. Nous prenions le temps d’admirer le coucher de soleil sur les berges du Gange envahies de fidèles, les rives du fleuve Niger où pirogues et crocodiles rivalisaient, les rizières ordonnées et verdoyantes ponctuées de chapeaux pointus. C’était le temps béni où naissaient des amours furtives, où le carcan de l’éducation judéo chrétienne se fissurait, où le mélange des races, des religions, des civilisations nous faisait perdre la tête.
Mais le corps était réparé, régénéré, et il fallait repartir. C’était de nouveau les trajets harassants, les déserts de dunes à perte de vue, les taïgas immenses et les mers démontées : Royaume de Siam, pays d’Annam, Empire Ottoman, Perse, Cyrénaïque, Manchourie, plaine de la Beeka…un voyage sans fin…

Marie France

Le bouleau. Son tronc blanc, son feuillage léger, tout doré en automne, ses fins rameaux, givrés en hiver. Quand je vois un bouleau, il me vient une envie de Suède. Je sais que la Suède se trouve quelque part à l’Est et bien plus au nord qu’ici. Les suédoises sont blondes et top modèles. Pas de fantasme sur les suédois, je n’aime que les bruns aux yeux de velours.
Quand je pense Suède, il me vient une envie de froid. Quand j’y pense, je m’y vois en Suède. Je porte un pull jacquard avec des étoiles rouges, des moufles et un bonnet assortis. Je viens de faire une longue randonnée à ski. La neige tombe en silence. J’arrive à ma cabane. Cabane parce que mon logis est petit et de bois et au milieu d’un bosquet de bouleaux. Mieux qu’une cabane, c’est un cocon. A l’intérieur, le poêle ronfle. Il fait clair, il fait bon, il fait chaud. Le sofa est recouvert de fourrures douces. J’enlève mes moufles, mon bonnet, mon pull humides, je m’installe avec volupté sur les fourrures, et là, je me dis que cette situation est tout à fait transposable à la région où je vis. La neige, la forêt, le cocon…j’ai…mais « haut-Bugey »…le mot n’a rien à voir avec « Suède », évocation de blancs bouleaux, de neige étincelante et de feu crépitant.



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