Le thé des écrivains. Chapitre XXV. L'absolu. Le thé des écrivains. Chapitre XXV. L’absolu.

dimanche 8 novembre 2015 par Elisabeth

Comme chaque matin, Elise et Charles prirent leur petit déjeuner sur la terrasse, face à la mer. Ils discutèrent un moment de l’avancée des écrits d’Elise qui s’en étonna parce qu’ils n’en parlaient plus depuis des mois. Ainsi, elle put lui annoncer qu’elle estimait avoir terminé, dans la relativité des choses, parce qu’on ne peut jamais en finir avec la mélancolie. Elle estimait avoir atteint la réponse à sa quête.
Il demanda s’il pouvait le lire et elle répondit qu’elle comptait le lui proposer pour la relecture.
Elle reprit une tasse de ce délicieux thé des écrivains italiens, à la figue.
Elle se retira dans son bureau, emmenant tasse et théière, mit de l’ordre dans ses notes, rangea ses livres et laissa son manuscrit en évidence sur le bureau.
Elle se rendit à la salle de bains et se prépara pour aller à la plage.
Elle descendit l’allée aux lauriers roses, ouvrit le portail qu’elle referma aussitôt, traversa le boulevard, prit le petit sentier qui mène au rivage.
Elle enleva ses espadrilles puis entra dans la mer. Elle marcha quelques pas et se coucha sur l’eau. Partie à la dérive, elle n’eut pas à faire d’efforts, les choses se firent d’elles-mêmes. Elle remonta le temps.
La conversation du matin avec Charles, les cinquante ans de mariage des copains en Normandie, la naissance des enfants, elle entendit le rire de ses soeurs ...Plus rien.
Elle vogua, vogua très loin.
Un pêcheur qui rentrait au port aperçut ce corps flottant et le ramena sur la terre ferme.
Elise avait pris soin de se vêtir d’un pantalon et d’un tee-shirt. Elle gardait en mémoire la honte éprouvée par Magritte lorsqu’on avait sorti sa mère de l’eau. Sa robe lui couvrait la tête, laissant son corps nu. Elise n’avait pas voulu infliger cette scène à Charles, pourtant elle aurait aimé partir dans la blancheur de sa robe de mariée.



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