L’homme aux semelles de vent.Michel Le Bris.

Paru en 1977, l’homme aux semelles de vent est une sorte de premier manifeste pour une littérature du voyage.
Voyage dans le temps d’abord, avec l’exode rurale. En province, on se moque des Parisiens qui viennent en vacances parce qu’ils dénigrent tout et font comprendre aux autochtones qu’ils ne sont que des paysans mal dégrossis. Vient le temps de l’imitation. Pour faire comme les Parisiens, on troque l’armoire normande ou bretonne et tout ce qui va avec contre une cuisine moderne en formica. Puis vient l’exode. Les jeunes ne veulent pas rester à la ferme et vont chercher du travail à Paris, la terre promise. Comme dans toute histoire d’Eldorado, on ne trouve pas ce qu’on est venu chercher.
"Avec l’électricité nous eûmes la radio, avec les routes, les automobilistes et les tracteurs.
Le forgeron du village voisin passa le relai à son fils -qui ouvrit un garage."
Dès le deuxième chapitre, une réflexion très intéressante sur le voyage de l’Antiquité au XXe siècle. Une longue pause sur le Romantisme qui cherchait un ailleurs meilleur que l’ici et maintenant.
" Que serait un voyage sans le livre qui l’avive et en prolonge la trace -sans le bruissement de tous ces livres que nous lûmes avant de prendre la route ?