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Lendemain de grève Lendemain de grève

mercredi 14 mai 2014 par Elisabeth

Il y a 2 messages en réponse à cet article.

Hier je n’ai pas écrit parce que j’étais en colère et sous l’effet de la colère on écrit des choses qui dépassent ce qu’on veut dire ou ce qu’il n’est pas séant de dire.
Ce sont les informations du matin qui ont provoqué cette amertume. Pas un fait extraordinaire qui indigne, non. Une suite de clichés qui deviennent malheureusement banals : deux mille personnes licenciées chez Bouygues, le FN en tête aux européennes, le poulet aseptisé des Américains…Trop, c’est trop. Je me croyais aguerrie ; je me trompais. Hier soir, au moment de ma chronique, blocage.

Aujourd’hui, 13 mai, aucune commémoration. Bizarre pour ceux qui se revendiquent d’être Gaullistes.
C’était une grande date pour leur idole.
Quand j’étais adolescente, on fêtait le 13 mai, au RPR bien entendu. Au parti communiste on comptait les blessés graves des manifestations, peut-être les morts, il devait y en avoir.
On fêtait le 13 mai 1958. De Gaulle, le retour.
En pleine crise ministérielle, la IV e République s’étouffait. Je m’en souviens parce que l’angoisse arrivait dans tous les foyers et nous enfants, noue répétions ce que nous entendions chez nous. Les gouvernements démissionnaient les uns après les autres.
Pour moi, c’était très difficile, mais c’est comme cela que j’ai eu très tôt une conscience politique. C’était difficile parce que mon grand-père, compagnon de la libération avec de Gaulle, souhaitait son retour ; lui seul pouvait démêler la situation. Mes sœurs, plus âgées que moi étaient inscrites au parti communiste. Les avis divergeaient.
De Gaulle, c’est vrai avait sauvé la France avec courage en se mettant hors la loi. Ce que mes sœurs m’expliquaient sur les positions du PC me convenaient. De plus, lorsque l’insurrection avait éclaté en Algérie le 1er novembre 1954, aussi jeune que j’étais, je soutenais les insurgés. Je trouvais normal qu’ils veuillent leur indépendance parce qu’aucun peuple ne doit en brimer un autre. J’ai opté pour le Pc qui avait pris parti pour l’Algérie algérienne. A ma majorité, je suis devenue adhérente.
En 1958, on combattait en Algérie depuis quatre ans déjà et cette guerre que les autorités avaient niée au début en la présentant comme une rébellion, devenait embarrassante. Il fallait en finir mais comment ? Personne n’y parvenait, d’où les démissions successives des gouvernements de la IVe République.
Le 13 mai 1958, le général Massu crée un comité de salut public à Alger après un coup d’état. Un comité de vigilance appelle à manifester contre le FLN.
Après bien des négociations secrètes, de Gaulle accepte, sur la demande de René Coty, de former un gouvernement.
L’Assemblée nationale vote par 329 voix sur 553. L’opposition est forte. Pierre Mendès France dira qu’il n’y a pas eu de coup d’état parce que le parlement s’est couché.
C’est ainsi que de Gaulle est arrivé au pouvoir en 1958. Il a mis fin à la IVe république qu’il avait fondée en 1946.


Messages

  • Salut Elisabeth,
    Évocation utile de cette période sombre des années 50. Ado à cette période, je n’avais pas tes engagements précoces mais je me souviens du traumatisme que représentaient alors les « événements » d’Algérie. A la campagne, presque toutes les familles étaient dans l’angoisse suite au départ d’un fils « appelé »...
    Juste un petit point d’histoire : je ne pense pas qu’on puisse dire que de Gaulle ait fondé la 4ème république. En octobre 45, une double consultation a mis fin à la 3ème (par référendum) et a installé une assemblée chargée de définir la constitution de la 4ème. Cette assemblée a élu de Gaulle comme chef du gouvernement. Compte tenu des dissensions entre partis, le projet de constitution est alors apparu très éloigné de celle voulue par de Gaulle, souhaitant un exécutif fort. De ce fait (entre autres), il a démissionné en janvier 46. Il précisera ses orientations constitutionnelles dans le célèbre discours de Bayeux en juin 46, définissant pratiquement les contours de la future 5ème République.

    • merci Jean François, fidèle lecteur.
      Ce que tu dis est exact. Ce que j’ai voulu montrer en raccourci mais j’ai trop coupé, c’est que les circonstances ont fait que de Gaulle s’est retrouvé au début et à la fin de la IVe République, comme des parenthèses ou un embrassement en poésie quand des vers de mêmes rimes sont entre des vers d’une autre sonorité. Elle commence et finit avec lui quel que soit son rôle.
      On peut dire aussi que cette petite République de douze ans, entre ces longues Républiques septuagénaires que sont la troisième et la cinquième qui n’est pas finie, prend naissance à la fin de la seconde guerre mondiale et s’achève dans le conflit franco-algérien ; c’est à dire qu’elle aura vécu entre deux guerres. On aurait voulu que ce fût un long fleuve tranquille.

    Répondre au message 28 du 14 mai 2014, 10:05, par Jean-François


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