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Le 2 mai
vendredi 2 mai 2014 par
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Le 2 mai
Cette date me fait toujours penser à deux tableaux, « el dos de mayo », "el tres de mayo"
Je devais avoir treize ans environ la première fois que je l’ai vu.
A cette époque, je me posais beaucoup de questions et je commençais à avoir des opinions politiques. Cette œuvre m’a fait réfléchir sur la guerre. Nous étions en plein dans la guerre d’Algérie. Si j’avais été un homme, j’aurais déserté parce que ce n’était pas une guerre légitime. Une guerre peut-elle être légitime me direz-vous ? La France bafouait sa déclaration des droits de l’homme en refusant l’indépendance aux Algériens
En regardant ce tableau, je ressentais de la honte. Les troupes françaises de Napoléon envahissaient l’Espagne et massacraient le peuple pour la gloire et la puissance ce cet ex-révolutionnaire.
Au cours d’histoire, on nous montre la grandeur de la France mais on oublie de nous en dire le prix ; pour les Français qui paient l’armée pour les peuples assaillis qui perdent leur dignité, leur liberté, souvent leur vie.
La scène raconte l’exécution d’un résistant espagnol.
Au premier plan, la terre ocre est rougie par le sang des Espagnols qui ont déjà été exécutés. A gauche, certains sont jetés « en tas fumant » comme disait Rimbaud. Un homme se détache du groupe, peut-être le dernier assassiné, il git dans son sang, les bras en croix.
A droite, les bottes des soldats français.
Au second plan, un homme va être exécuté. Lui aussi a les bras en croix. Sa chemise blanche et son pantalon jaune sont source de lumière sur cette toile en clair-obscur.
Il a peur. Ses yeux sont exorbités.
A l’opposé, la ligne blanche des fusils pointés sur lui. Les soldats français sont de dos et dans l’ombre, comme effectuant un acte illégal.
A l’arrière plan, l’Eglise du village, presque mise en accusation de laisser faire, de laisser commettre une telle injustice et de telles horreurs.
« El dos de mayo » du même peintre, raconte le combat du peuple madrilène contre les Mamelouks de l’armée impériale.
Le rouge domine. Il est au centre du tableau, sur les pantalons rouges des Mamelouks.
L’un d’eux est mort sur son cheval, étalé sur les dos de l’animal. Cela fait une masse rouge à l’intersection des diagonales pour signifier le sang, la violence, la force impériale.
C’est une commande royale après le départ des Français. Six ans se sont écoulés entre les événements et la commande du roi d’Espagne. Si le tableau met en valeur le courage des résistants, il dénonce « les désastres de la guerre » (pour citer une autre œuvre) et les humiliations que subissent les peuples opprimés.
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