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Transmettre.
vendredi 29 juillet 2016 par
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Je lisais ce matin l’édito de Christophe Barbier du 6 juillet relatif à la disparition d’Elie Wiesel.
Il faisait remarquer que le nombre de survivants de la shoah va diminuant et que bientôt, il n’y en aura plus, comme un jour, il n’y a plus eu de poilus pour le 11 novembre.
Sans témoins gênants, les négationnistes pourront danser sur ce qu’ils appellent des fictions.
Les gens de ma génération, nés juste après la guerre, n’ont certes pas connu le pire mais ils ont été marqués par la douleur de l’atrocité. Est-ce que l’un d’entre nous a pu vivre soixante-dix ans sans rencontrer une personne tatouée au poignet du matricule de déporté ? Pour ma part, j’en ai croisé plusieurs comme j’ai entendu des histoires de vie épouvantables qui ne m’ont jamais fait penser que c’étaient des romans imaginés.
Marguerite Duras n’a pas inventé le retour de Robert Anthème apparu comme un squelette, "Si c’est un homme" de Primo Lévi qui nous raconte la lutte d’un homme pour rester humain dans la déshumanisation est forcément authentique.
Il reste des témoins, des écrits, des amitiés pour un certain nombre d’années encore.
Effectivement, combien d’années ?
Nous connaissons l’esclavage des Égyptiens, les premiers martyrs...Leur mémoire s’est transmise à travers les siècles, pourquoi pas l’effroyable histoire de la Shoah ?
Par ailleurs, Inès, ma petite-fille, me suggère qu’à la Préhistoire, des événements semblables à la Shoah ont pu exister et être oubliés. Je rétorque que c’est possible mais les découvertes se multiplient, on en sait de plus en plus sur cette période restée longtemps obscure et si tel est le cas, on finira par savoir ce qui s’est passé. On a déjà la connaissance d’ethnies disparues.
Christophe Barbier posait le dilemme de la honte des survivants. Pourquoi suis-je vivant quand les autres sont morts ?
C’est un autre problème que je traiterai une autre fois.