Sommaire
Accueil > Ecriture > Ateliers d’écriture > Si l’orthographe était libre.
Si l’orthographe était libre.
mercredi 9 mars 2016 par
Pas de message pour cet article
Lecture d’un texte de Roland Barthes extrait de "accordons la liberté de tracer".
"Le premier effet de l’orthographe est discriminatoire ; mais elle a aussi des effets secondaires, d’ordre psychologique. Si l’orthographe était libre d’être simplifiée selon l’envie du sujet, elle pourrait constituer une pratique très positive de l’expression ; la physionomie écrite du mot pourrait acquérir une valeur proprement poétique, dans la mesure où elle surgirait de la fantasmatique du scripteur et non d’une loi uniforme et réductrice."
Michel Leiris, dans "frêle bruit" explique ce que le mot nickelé représentait dans son enfance : "l’éclat, la netteté, la préciosité."
Consigne : écrire un texte selon sa fantaisie en ne respectant pas l’orthographe, ou fantaisie sur des mots que l’on aime.
Marie Noëlle
On s’est bien amusé(ées ?) ou à musée, ou à muser...ou âme usée
Longtemps, j’ai ci galé à travers les mers. J’ai six galets le jour, la nuit
mais rien na l’eau rizons, pas le moindre refroidissement, pas le
poindre happé sement. Les scies gales toujours et encore.
Stridulements, grincements, écarts tellement et tellement, tellement.
Sciemment ou pas. Amants ou pas ?
Marilène
Il y avait le beau Roland Barque de Ronce-veau et Michou le Magnifique l’air-his-térique.
Ces deux là aimaient tant et temps les lettres et aussi les accents fous, les zégus, les cirques qu’on flexe à genoux et même les zac-sans-rien dessus ni dessous, tous frãgiles et grâves comme on sait, aucun d’e ne feu rond exception à la folie meurtre hier des bonnes zin tensions.
La riche ponk tue à Sion, ils la conne essaient à fond, la forme surtout, du reste il faudrait la mettre entre parents thèses "conseillées mais pas nez ses Serres, disait Michel, et les guilles mets idem".
"On s’en passerait bientôtoutart, peines d’apostrophes ! " ajoutait Roland.
Maux et signes allongés, rangés en lignes bien serrées de hautenbas et de bazenhaut
"Rangeons les, qu’ils disaient, pour lézécouter en paix-siblement. Chaque lettre doit être posée une à une minutie Yeu zeu ment à Kali Fourchon. Et pour finir avec les fourches de nos langues paresseuses faisons les sonner bien fort, et sans vers gogne, telle la diva Aude Gamme et jetons les aux quatre coins cardinaux de notre minuscule chambre de raison-nance, avant de réclamer du dumiel et de l’Apropolis judi-fiduciaire qui calmera en douceur la révolte brue-lente de nos glottes douloureuses et fatiguées de tous les change-tourne-boulements et acrobaties de notre Toto Graff face et cieux."
Jacqueline
Dominique
Fantaisie…..orthographe ?
Comment ne pas me souvenir des heures passées sur les bals en soir, soir,matin, après-midi et par tous les tant ! Matin avec Martin, soir avec la nuit qui venait….et nos charades à 2 bals….
Mon premier brille
Mon second nous abrite sur le bateau
Stefie y mérite son troisième
Mon tout nous an-nuit !
Fantaisie, fantasmes de l’enfance où tout est débridé, sans queue ni tète, où l’on aime crier à tue tête des mots interdits, des mots sales, des expressions d’adultes……
Ma mère m’appelle….pourquoi ?Revoir ma leçon d’or-tografe ? graphologie…..logistique …..tic nerveux….vœux du cœur et le cœur n’y est pas du tout !
L’heure du goût-thé….pas toujours celle du goût……
Sucré-salé ? douce ou osée ?
On s’élançait vers le ciel, comme pour toucher le O des arbres, comme des oiseaux piquant vers le plus O.
Sabine
Mary
" Saperlipopette, la camouflette s’est carapatée ! Les enfants, mettez vos escoflettes et courrez dans l’herbe verte chercher la petite bête. La camouflette aime la doucemoille, l’herbe qui chatouille et les carabistouilles. Ouvrez grand vos mirettes et si par malheur vous croisez en chemin l’escogriffe, jouez lui de l’olifant et lancez lui des cynorhodons, il en sera tout marron. "
Dans le bois, les cerfs sont en émoi, la fauvette prépare sa logette et la biche sa couchette ; le temps est aux amourettes.
Les enfants jambadent dans les champs, dans les bois, courant à hue et à dia, soulevant les pieroches, écartant les brousses, aie ! Mais pas plus de camouflette que de grassouillette ou de sifflette.
Quand soudain, au détour d’un sentechemin, leur apparaît, dressé sur ses pattes arrières, une bête énorbedaine, les yeux ex hors bités, la gueule et cumant une mousse verdâtre, les crocs sortis : l’escogriffe !
Sid et rés, le souffle cou-pé, ils assistent bouche bée à la parade macabre de l’animamalin qui se préparent à ne faire qu’une boucher d’eux.
Mais c’était sans compter sur la malisse de Petit Jean qui sort de dessous son pâle taud un olifant dans lequel il souffle à s’en éclater les poumons. L’escogriffe, mais dusé, suspend instantanément sa danse, son visage s’adoucit, ses yeux s’embuent et tout son corps se détend. " Qu’il est d’où le son de l’olifant au fond des bois " dit-il d’un ton plein de douceur. "Que faites-vous là, dans la forêt ? " S’enquière-t-il auprès de Petit Jean. " La camouflette s’est carapatée de la maison, nous la cherchons. L’aurais-tu vu ? L’escogriffe sourit : " la camouflette ? Oui, je l’ai vue, elle est dans un champ de doucemouille tout près d’ici. ". "Conduis-nous jusqu’à elle, nous devons la ramener à la maison " demande Petit Jean. " Je ne peux pas, elle est dans sa cachette et elle m’a demandé de faire le gai et de ne la déranger sous aucun prétexte " répond l’escogriffe. " Je lui dirai que vous êtes passés et que vous la cherchiez. Rentrez chez vous et ne vous inquiétez pas elle rentrera après que, hum, voilà …" l’escogriffe cherche ses mots " c’est que…, voilà, voilà, la camouflette a fait la rencontre d’un camouflet et ensemble ils se font des chatouilles, des carabistouilles mais aussi … des galipettouilles. Saperlipopette, c’est le temps des amourettes ! " s’exclaffa l’escogriffe attendri.
Les enfants rentrèrent chez eux un peu marris mais joiyeux et très heureux de s’être fait un nouvel à mi.
Elisa
Myriam
Douleur de l’orthographe
Dans ma famille, nous sommes cinq frères et sœurs, deux d’entre nous ont énormément de problème avec l’orthographe. Ma sœur Chantal est infographiste, peintre sculptrice et aussi marionnettiste. Enfant, elle dessinait beaucoup et se racontait des histoires dans une langue connue d’elle seule. Elle a adoré l’école maternelle (que j’ai détestée car je m’y ennuyais). Ses talents artistiques et son habilité manuelle s’y déployaient, et elle était chérie de ses maîtresses. A l’arrivée en CP, le choc, plus de couleurs, peinture, découpages et collages, on passe aux choses sérieuses ! Elle n’était pas prête. Elle redoubla son CP et poursuivit une scolarité médiocre sauf en mathématiques où elle était dans le groupe de tête. L’autre artiste de la famille, c’est François mon plus jeune frère. Enfant il dessinait sur d’immenses feuilles des batailles avec des centaines de combattants et des machines extraordinaires. Il est devenu architecte-scénographe de renommée internationale. Pourtant, il a eu des débuts scolaires bien difficiles : Echec et redoublement en CP, scolarité difficile jusqu’en 5e et nouveau redoublement. L’institution scolaire veut l’orienter en CPPN (les « classes poubelles » de l’époque). Ma mère va implorer qu’on lui donne sa chance jusqu’en 3e, en seconde il passe dans une section technologique où il commence à s’épanouir, mais c’est avec l’Ecole d’Architecture qu’il trouve enfin sa voie à Lyon puis à Paris. Son premier job, il l’obtient auprès d’un architecte de renom grâce à quelques dessins d’enfants qu’il avait glissé dans son dossier.
Tous deux font beaucoup de fautes d’orthographe. Chantal s’aide des correcteurs automatiques et quand elle a un dossier important à rediger, elle le fait relire. François, s’il est fatigué ou en pleine création peut faire dix fautes dans une phrase. Comme cela a parfois provoqué des doutes sur ses compétences auprès de ses commanditaires prestigieux, il a décidé de suivre des séances d’orthophonie. Cela n’a pas beaucoup amélioré son orthographe, mais l’orthophoniste a eu cette parole libératrice : « Vous avez une orthographe poétique ! » Jusqu’alors il n’avait eu droit qu’au mot DYSLEXIQUE !