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Le thé des écrivains. Chapitre VII. Visite au Louvre. Le thé des écrivains. Chapitre VII. Visite au Louvre.

mercredi 25 novembre 2015 par Elisabeth

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La première fois qu’Elise était allée au Louvre, elle avait douze ans. Ce n’est pas la très célèbre Joconde qui l’impressionna, ce fut « la pieta » de Maître Enguerrand Quarton.
La « Joconde » était toute petite comparée aux reproductions qu’elle avait vues. Elle était sombre, au milieu d’un grand mur ; certes le sourire et la douceur du regard atténuaient cette atmosphère rigide.
La « Piéta », avec ses blancs, ses noirs et ses ors incarnait le réel et le divin. La douleur de cette mère et son fils couronné qui ne lui appartenait déjà plus.

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La Pieta d’Avignon. E. Quarton.

Voici cette toile relative à la descente de croix, à la Passion, au christianisme qui interpelle Elise à vie.
Malgré son jeune âge, elle avait rejeté la religion catholique inculquée par ses parents. Rien ne lui paraissait plausible dans cette religion, donc, elle ne pouvait pas lui apporter la réponse aux questions qu’elle se posait déjà.

« Le radeau de la Méduse » l’impressionna beaucoup. Les dimensions ? Elle est gigantesque, quatre mètres quatre- vingt- onze sur sept mètres seize. Le réalisme ? La taille des personnages, grandeur nature voire plus grands en ce qui concerne certains ; des Titans pour une petite fille de douze ans. Cette profondeur qui fait plonger le spectateur dans la toile ? L’angoisse qui s’en dégage et l’espoir à la vue du bateau ? Tout cela à la fois. Elle avait ressenti répugnance et attirance simultanément.
Aujourd’hui encore, Géricault ne représentait ni le romantisme ni les chevaux –qu’il savait peindre, certes- mais le réalisme du drame du radeau de la méduse ou celui de ses monomanies.

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Le radeau de la Méduse. Géricault.

C’était son beau-frère qui l’avait emmenée. Vraisemblablement, il avait saisi l’émotion et petit à petit en explications et visites au Louvre, il l’avait initiée à l’Art pictural et son évolution à travers les âges. S’ajoutaient à cela, l’attirance d’Elise pour l’Histoire, la littérature, la musicalité des mots, le rythme des phrases, si bien qu’elle sut très tôt quel serait son métier : critique d’Art.
Après le baccalauréat, elle suivit en parallèles des études de lettres et d’histoire de l’Art en travaillant quelques heures dans une librairie rue des canettes dans le sixième arrondissement. Heureusement toutes ses activités se situaient dans le même quartier. Charles s’était inscrit aux Beaux-Arts, également au Quartier Latin. Ils trouvèrent un petit studio rue Dufour, au sixième étage sans ascenseur. Les premières années furent difficiles. Ils vivaient du maigre salaire d’Elise et de leurs bourses. Parfois les parents arrondissaient fins de mois avec un petit chèque ou quelques vivres.
Quand Elise fut admise à l’agrégation quelques portes s’ouvrirent : quelques cours à la Sorbonne et au lycée Camille Scée dans le XVe arrondissement. Timidement, elle envoya quelques articles concernant des expositions en cours et c’est ainsi qu’elle se fit un nom.
De « charrette en charrette » Charles fut remarqué pour son travail sur de grands projets tels que la Défense ou le quartier de la Part-Dieu à Lyon.
Ils commençaient à voyager l’un et l’autre pour leur travail ; ils découvrirent la Méditerranée et décidèrent de s’installer au Sud de la France, à La Ciotat.

La vie semblait être "un long fleuve tranquille" malgré les événements discordants de la politique et de la vie en société.

C’était l’angoisse qui dominait sur les deux toiles qui avaient impressionné Elise au Louvres. L’angoisse et la détresse qu’elle retrouvait dans la monde d’aujourd’hui, dans ce siècle où elle ne voulait pas vivre parce qu’il avait troqué ses repères et ses valeurs.


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