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Le thé des écrivains. Chapitre XX. Retour de Normandie.
jeudi 12 novembre 2015 par
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Sur le chemin du retour, Elise et Charles ne parlèrent pas. Ils avaient quitté avec un petit pincement cette Normandie à laquelle ils étaient encore très attachés malgré les douceurs du climat méditerranéen qui les avait séduits.
La mer Méditerranée n’a pas les nuances de gris de la Manche, même les jours de gros orage. Les lumières du Nord sont uniques, irremplaçables, inoubliables.
Charles pensait aux parties de pêche avec son grand-père. Elise pensait à Varangeville sur mer où elle n’avait pas voulu retourner depuis la mort de ses soeurs.
Charles se revoyait petit garçon, Elise repensait à leur rencontre en 1963.
Justement, c’était l’année de la mort de Georges Braques enterré à Varangeville sur mer dans le petit cimetière marin non loin du bois des Moustiers.
C’était en septembre. En octobre, Edith Piaf et jean Cocteau disparaissaient. En novembre, c’était John Fitzgerald Kenedy.
Ils étaient jeunes. ils vivaient ces disparitions comme des événements tragiques, non comme des pages qui se tournent.
Ils avaient raison. Tousi ces gens sont encore dans les mémoires.
Braque a inventé le cubisme avec Picasso suite aux photographies aériennes de Nadar. C’est une figure de l’Art abstrait.
On joue du Cocteau. "La belle et la bête "n’a pris aucune ride. On chante encore le répertoire d’Edith Piaf.
Quant à Kenedy, on cherche encore les commanditaires du crime même si on en a une petite idée. Il avait promis de mettre fin à la ségrégation et il a eu le temps de tenir parole. Cependant, on le sait, cela ne s’est pas fait du jour au lendemain et bien des crimes racistes ont été commis avant qu’un président noir atteigne la Maison Blanche.
C’est dans ce climat imprégné de nostalgie qu’Elise reprit son travail sur la mélancolie dans l’Art.
Le pop’Art et les sérigraphies d’Andy Warhol n’annonçaient-ils pas la détresse de l’Art contemporain ?
La Première guerre mondiale avait transformé la mentalité des artistes. "Plus jamais ça".
On ne pouvait plus raconter de façon linéaire des événements insipides. La folie avait déversé sur le Monde l’ébauche d’une inhumanité qu’on ne pouvait pas taire. L’artiste a pour mission de dire. Ils ont dit au delà du réalisme, avec des métaphores, des êtres déformés, de l’écriture automatique libérée, toute la mélancolie d’un Monde en souffrance.
La seconde guerre mondiale avait joué un grand rôle au niveau de la matière. Tous les matériaux étaient anoblis. Tout pouvait entrer dans l’Art.